POURQUOI LE COÛT DE CONSTRUCTION DES INFRASTRUCTURES EN AFRIQUE SUBSAHARIENNE EST PLUS ÉLEVE QU'EN EUROPE ?

Le développement des infrastructures est une pierre angulaire pour la croissance économique et le développement. Cependant, le coût de construction des infrastructures varie considérablement selon les régions. En Afrique subsaharienne, le coût de la construction est nettement plus élevé qu'en Europe. Cet article explore les raisons sous-jacentes de cette disparité, en examinant des facteurs tels que les coûts des matériaux, les marchés du travail, les conditions politiques et économiques, les défis géographiques et la capacité technique.

Coûts élevés des matériaux

Le coût des matériaux de construction en Afrique subsaharienne est significativement plus élevé qu'en Europe. De nombreux pays d'Afrique subsaharienne dépendent fortement des matériaux de construction importés. Selon la Banque Africaine de Développement, jusqu'à 70% des matériaux de construction utilisés en Afrique sont importés, soumis à des droits d'importation, des frais d'expédition et des fluctuations de change​. En revanche, l'Europe dispose souvent d'une industrie de production locale plus développée, réduisant ainsi la dépendance aux importations. De plus, les infrastructures et les défis logistiques médiocres en Afrique subsaharienne contribuent à des inefficacités dans la chaîne d'approvisionnement. Par exemple, le transport des matériaux des ports de Mombasa ou de Dar es Salaam vers les régions intérieures peut être prohibitif en raison de routes et de chemins de fer inadéquats​.

Différences dans le marché du travail

Les coûts de la main-d'œuvre jouent également un rôle crucial dans cette disparité. L'Afrique subsaharienne fait face à une pénurie significative de main-d'œuvre qualifiée, ce qui augmente les salaires des travailleurs qualifiés. Une étude de McKinsey & Company a mis en évidence que les pénuries de main-d'œuvre qualifiée peuvent entraîner des salaires jusqu'à cinq fois plus élevés que ceux des travailleurs non qualifiés. La formation et la rétention des professionnels qualifiés sont un défi en raison du nombre limité d'institutions éducatives et de formation professionnelle. Bien que la main-d'œuvre non qualifiée puisse être moins chère en Afrique subsaharienne, le manque de main-d'œuvre qualifiée entraîne une dépendance aux expatriés. Par exemple, de grands projets d'infrastructure comme le Grand Barrage de la Renaissance Éthiopienne ont dû embaucher des ingénieurs et des techniciens étrangers, augmentant ainsi considérablement les coûts de la main-d'œuvre. En Europe, un marché du travail plus équilibré assure un approvisionnement constant en travailleurs qualifiés et non qualifiés à des taux compétitifs.

Conditions politiques et économiques

Le paysage politique et économique influence fortement les coûts des infrastructures. L'instabilité politique fréquente dans de nombreux pays d'Afrique subsaharienne crée un climat d'investissement imprévisible. Par exemple, les projets dans des pays comme le Soudan du Sud et la République Démocratique du Congo sont souvent confrontés à des retards et à des coûts accrus en raison de troubles politiques. Cette incertitude augmente le risque pour les investisseurs et les entrepreneurs, entraînant des primes de risque et des coûts d'assurance plus élevés. En outre, les fluctuations des devises et les taux d'inflation en Afrique subsaharienne peuvent entraîner des coûts imprévisibles tout au long de la durée d'un projet. Par exemple, la dévaluation du Naira nigérian a eu un impact significatif sur le coût des projets d'infrastructure, les matériaux et les services devenant plus chers. L'Europe, avec des économies plus stables, offre un environnement financier plus prévisible pour les investissements en infrastructures à long terme.

Capacité technique et technologie

Les différences de capacité technique et de technologie contribuent également aux disparités de coûts. L'Europe bénéficie de technologies et de techniques de construction avancées qui augmentent l'efficacité et réduisent les coûts. En revanche, de nombreux pays d'Afrique subsaharienne n'ont pas accès à ces technologies et dépendent de méthodes plus intensives en main-d'œuvre et plus chronophages. Par exemple, dans de nombreux pays africains, les projets de construction dépendent encore fortement de la main-d'œuvre manuelle et de machines obsolètes. Le développement de la capacité technique locale est limité en Afrique subsaharienne, entraînant une dépendance accrue à l'expertise étrangère. Les projets comme le Chemin de fer à écartement standard du Kenya ont dû s'appuyer fortement sur la technologie et l'expertise chinoises, augmentant ainsi considérablement les coûts globaux des projets. Les investissements dans le renforcement des capacités locales sont cruciaux mais nécessitent du temps et des ressources.

Conclusion

Le coût plus élevé de la construction d'infrastructures en Afrique subsaharienne par rapport à l'Europe est une question complexe. Les coûts élevés des matériaux, les disparités sur le marché du travail, l'instabilité politique et économique, les défis géographiques et les différences de capacité technique contribuent tous à cette disparité. Pour remédier à ces problèmes, il est nécessaire de mettre en place des stratégies globales, notamment l'amélioration des capacités de production locales, le renforcement de l'éducation et de la formation des travailleurs qualifiés, la stabilisation des environnements politiques et économiques, et l'investissement dans les avancées technologiques. En relevant ces défis, l'Afrique subsaharienne peut créer un environnement plus propice au développement d'infrastructures abordables, ouvrant ainsi la voie à une croissance et un développement économiques durables.

Pour des informations plus détaillées, vous pouvez consulter les rapports et articles des sources telles que la Banque Africaine de Développement et l'Oxford Business Group.

Par Arnold A. KAMANKE