Tous projets nécessitent préalablement des capitaux de départs pour effectuer les investissements d’implantations et supporter les charges opérationnelles des premiers mois. Cependant, ce n’est un secret pour personne que l’absence ou l’insuffisance de financement est une des principales causes d’échecs des projets dans le monde et au Cameroun en particulier. De nombreux acteurs de l’économie tiennent les banques pour responsable de ses tares de par leurs rôles d’argentier. Sur cet article, nous démontrons que les banques classiques de la place ne financent généralement pas les projets des entrepreneurs car elles n’en ont pas le rôle au fond.
Avant de se lancer, précisons d’abord que nous entendons par projet la création de nouvelles activités économiques (greenfield) qui sont non obstrué par des activités antérieures. Aussi nous considérons comme banques toutes institutions financières pourvoyeuse de crédit à l’exception des banques d’investissement.
Les projets sont par essence risqués car ils supposent la possibilité d’apporter un produit ou service qui comblera une demande de façon rentable a terme. Identifier et démontrer un marché inexploité requiert un mélange d’intuition, d’expérience et de perspicacité pas donné à tous. Même quand le marché est exploité, il est question de prouver qu’elle n’est pas assez exploitée et/ou pourrait être mieux servi.
Même si on parvient a clairement définir un marché a potentiel commercial, il faudrait le justifier par l’offre de produits/services qui répondent aux exigences dudit marché en termes de qualité et prix ce qui peut être difficile à accomplir en absences de commercialisation effectives ou de prototypes. Enfin, il y a toutes la stratégie de commercialisation lié à la distribution, le marketing, la gestion de trésorerie et de ressources humaine qu’il faut prouver. Ainsi que les gages de bonne exécution, notamment à travers la constitution d’une équipe de gestion compétente.
Bien que les entrepreneurs, ne disposant pas toujours d’expertise requise, s’acquittent de services de conseils stratégique et financier pour mieux appréhender leurs projets, il restera toujours des risques résiduels aux projets.
Les banques en générale ont pour vocation de conserver l’argent de leurs clients, faciliter les transactions et faire des crédits sur lesquels ils se rémunèrent en compensation des risques défaut de paiement encourus.
Les banques ne peuvent pas assumer les niveaux de risques inhérents à vos projets car elles puisent l’argent des dépositaires pour les prêter aux autres. En cas d’exposition excessifs et non maitrisés aux risques de non remboursement de crédits, ce n’est pas seulement la banque qui assume la perte mais aussi ces épargnants qui collectivement influencent l’économie. Aussi, sous l’autorité de la COBAC[1], les banques ont l’obligation de maintenir certains niveaux de dépôts, de comptes créditeurs et même d’engagements hors bilan afin d’éviter les crises financières systémiques comme celle rencontré en occident en 2009.
Ensuite, le crédit en lui-même a une faible tolérance au risque dans la mesure où contrairement aux financements en fonds propres, les remboursements se font à échéance fixes et sur des montants prédéterminés d’avances peu importe la rentabilité de l’activité débitrice. Ces caractéristiques structurelles font que le crédit convient mieux aux activités dont la rentabilité est stable et prévisible ; ce qui ne peut être le cas pour les projets entrepreneuriaux. Moins un projet comporte des gages rentabilité stable et prévisible, plus le risque de non remboursement sera élevé ; surtout si le promoteur ne contribue pas (assez) d’actifs liquides au projet ; et par conséquent moins le projet aura des chances d’être financé par les banques. Même si la banque accepte tout de même de vous financer, le taux intérêt sur le crédit sera prohibitif en raison du risque résiduel du projet.
Tous ces facteurs obligent les banques à prendre de nombreuses précautions avant d’accorder les crédits, surtout quand il s’agit de projet entrepreneuriaux. Ces précautions se traduisent par la multiplicité de crédits à court terme proposés sur le marché (escomptes, facilité de caisse, crédit spot, etc …). Plus un crédit est de courte durée, moins il expose aux risques. Le fameux dicton selon lequel « les banques ne prêtent qu’aux riches » ne tient pas du snobisme, mais de régulations bancaires pour préserver l’économie et du fonctionnement même du crédit. En deuxième partie, nous explorons les voies de financement appropriés pour vos projets selon leurs cycles de développement.
[1] Commission Bancaire d’Afrique Centrale
Par Arnold A. KAMANKE